mercredi 6 janvier 2010

L'archipel Les Noix ou Tartuffe au Soleil


Nous étions tranquillement accoudés au comptoir du bar de l'hôtel quand Cécile fut pris par le remords.
-Ces vacances, fit-elle, étaient méritées, mais j'aurais aussi pu partir moins loin.
Tandis que le barman nous confectionnait un cocktail de la meilleur composition qui fusse, je délivrai à mon amie le sentiment qui était le mien à cet instant.
-Cécile, tu as besoin de te ressourcer. Tu t'es saignée aux quatre veines pour que prospère ton mouvement politique. Tu oeuvres au quotidien pour le développement durable. Du moins, l'exploitation durable mais responsable écologiquement. Tu te dois de faire une pause.
-Un break, me répondit-elle, démontrant par là-même sa verve Green Business.
Cécile avait toujours eu comme point d'orgueil à être en conformité avec ses idéaux, dont la noblesse n'est plus à démontrer. Aussi, quand nous franchîmes, d'un pas alerte, les quelques mètres qui séparaient le bus de l'avion, elle s'écria: "Cachez cet airbus que je ne saurais voir!".
Car Cécile était comme ça. Elle affichait sa droiture afin qu'on ne la prît point en défaut. Elle répétait à l'envi n'avoir franchi que trois fois les frontières du territoire national.
La chose m'apparût étrange. Pour une jeune femme en théorie sensible aux problèmes mondiaux, et résolue à y remédier, ce sédentarisme conférait à la palinodie.
Cas de conscience à part, nous effectuâmes un délicieux séjour. Nous avons goûté aux joies de la plongée sous-marine, traversé quelques charmants bidonvilles, et pillé à chaque repas le copieux buffet du Resort Palace où nous logions à la suite Prince Albert. Exotisme surfait, bains de soleil cancérigènes, massages vivifiants par les soins de rustiques indigènes, le must en terme de remise en forme. Nous avons même eu la chance d'accueillir notre ami rouquin, notre patriarche à nous, l'homme sans qui nous aurions pu atteindre ce score historique aux européennes. Dany est venu en voisin, lui qui passait ses vacances à la Réunion, a aussitôt embarqué à bord d'un Falcone sitôt notre présence dans l'archipel connue.
-A quelques milliers de bornes près, on aurait pu se manquer, c'eût été trop con!
Ravi de le recevoir, et de le voir formuler une phrase en termes corrects, lui qui n'est que massacreur de synthaxe, Dany nous gratifia de compliments énamourés sur notre bronzage.

Nous allâmes ensuite prendre l'apéritif à l'hôtel et assister à la remise du Prix du Développement Durable, remis simultanément cette année aux dirigeants de Total et de Texaco. Lors de cette mémorable soirée, nous fûmes même conviés à la table du jury, où Bono, un général chilien en retraite, et un marchand d'armes israélien en cavale, nous firent l'honneur de partager leur repas.
-D'où viennent les gambas? S'interrogea Cécile, une nouvelle fois pris par le remords.
-De l'Océan Pacifique, des Philippines pour être exact, répondit le maître d'hôtel.
La chair des crustacés était si tendre qu'on ne s'offusquât point qu'elles fussent acheminés par avion, et qu'en matière de bilan carbone, on aurait pu mieux faire.

Le séjour fut donc réussi. Depuis son retour, Cécile me le cache, mais je crois bien qu'elle est à nouveau en cloque. Ce n'est pas très malthusien ça, elle en est presque à son cinquième chiard.

Nous vous confierons la suite de nos aventures, après notre bref séjour à Davos, où Schwarzenegger, Al Gore, des écolos comme nous, nous ont conviés à une table ronde intitulée: "Tartufferie: Quand les amis de la Terre s'y vautrent".


Monsieur C. Les vacances de Madame Duflot.

samedi 2 janvier 2010

L'ultime énigne de l'Atlantide


La scène se déroule dans un club londonien très coté, où se retrouvent, nos deux héros, Philip Mortimer, scientifique en proie au doute, et Francis Blake, super-agent moustachu et asexué.

"-Vous me semblez déprimé mon cher Philip? Qu'est-ce qui peut bien vous troubler Old Chap?
-Tant de choses, mon cher Francis. Je supporte assez mal l'entrée dans cette nouvelle décennie. Rien de réjouissant à l'horizon, Bloody Hell!
-Vous n'arrivez même plus à trouver réconfort dans le whisky?
-Non, ni dans le porto, ni dans le cherry's du reste.
-Qu'est-ce qui vous cause ce tracas, cher ami? Nous avons pourtant toutes les raisons d'anticiper l'avenir avec sérénité?
-Vous le pouvez Francis! Le monde est désormais sous la coupe de gens comme vous. Des officiers de renseignement qui agissent avec zèle pour perpétuer le triomphe de la réaction!
-Heavens! Mortimer! Olrik vous aurait-il administré un sérum qui vous aurait jeté dans les bras de la subversion!??
-Non, dear Francis. Olrik ne peut plus nuire. Savez-vous que depuis le pénitencier californien où il purge une peine de quatre cent cinquante ans pour complicité dans l'Affaire Madoff, il a demandé la semaine précédente à être castré chimiquement?
-Damned! Je n'ai jamais eu de compassion pour cette fripouille, mais quel triste sort!
-Il ne supportait plus d'être éloigné de cette crapule de Sharkey, qui lui faisait office d'orifice en plus d'homme de main.
-Hell! Au moins, sa capacité de nuisance s'en trouve passablement réduite!
-Certes, Francis. Mais voyez-vous, j'entretiens quelques regrets au sujet de l'époque où nous le traquions, lui et ses affidés. Et où Edgar P. Jacobs scénarisait nos aventures. Aujourd'hui de sinistres canailles qui ont l'écriture aléatoire, et le dessin maladroit nous plongent dans de bien piteuses situations...
-Il est vrai qu'à la lecture des albums publiés récemment...
-C'est comme cette femme qui se tient au comptoir...
-Celle qui est affublée d'un costume Belle-Epoque? Dame, triste allure! Son visage me semble familier...
-C'est Adèle Blanc-Sec!
-Argh...
-Oui, elle se saoule la gueule depuis qu'elle a appris que Luc Besson transposait ses aventures au cinéma. Avec une ancienne Miss-Météo de Canal plus dans le rôle titre!
-God Damn It! Heureusement le Septième Art nous a encore épargnés de l'infamie! Mais pour combien de temps encore?
-Sans compter que je tends à être fauché ces derniers temps, Dear Francis. Vu la politique de vache maigre qu'on inflige à la recherche dans nos jolies sociétés, je suis comme sur la paille. Ce n'est pas avec une bougresse de Pécresse que j'aurais pu créer l'Espadon, ou que cette fripouille de Septimus aurait pu inventer une machine à remonter dans le temps!
-Triste époque!
-Francis, je ne suis pas encore tout à fait résigné.
-A quoi?
-A faire l'amour avec toi.
-What?
-Ne fais pas l'enfant. On s'est toujours employé à souligner notre homosexualité. Latente... Tu parles. Je sais que tu me désires.
-Vieille canaille écossaise, vous me troublez au plus haut point.
-A ce titre, laisse moi le temps d'enfiler un kilt des plus affriolants. Ensuite, nous rentrons à l'appartement. On congédie la serpillière hindoue qui nous sert de valet, et nous faisons l'amour jusqu'à l'aube, voire plus, si nos forces ne sont pas épuisées.
-Mortimer... Si on venait à apprendre notre relation... Nous serions dans une position délicate...
-La seule position délicate en ce qui nous concerne, c'est le 69. Regardez autour de nous, Francis. Nos supérieurs hiérarchiques, que ce soit à l'université ou à l'Intelligence Service sont incompétents, corrompus, cyniques, font leur jogging tous les matins et ne boivent jamais d'alcool. Sans compter la Reine. Une pocharde qui traîne un fils laidissime, et des petites progénitures nazillonnes.
-Le relâchement vient d'en haut...
-Oui, et pas d'en bas. On s'agite sous mon kilt, commander.
-Soit, rentrons.
-Oh, oui, rentrons. Par les saintes culottes de Mac Gregor!"


Nos deux amis quittent le club, devant le regard indigné des gentlemen de l'assistance, après que Mortimer ait mis une main au valseur musclé de Blake. Le lendemain de leur nuit d'amour, ils refondent l'Internationale Situationiste, et vont sur ce blog. Après sa lecture, ils résolvent une bonne fois pour toute, l'énigne de l'Atlantide.