samedi 15 janvier 2011

Les bourreaux meurent aussi

D'évidence, il apparait prématuré de se réjouir du départ précipité de Ubu Ben Ali du pays qu'il maltraitait depuis 23 ans. Car le peuple tunisien n'a pas encore investi les rênes d'un pouvoir qui ne lui est jamais revenu. Colonialisme, despostisme éclairé, jusqu'à cette obscure clique de népotes décadents réduits aujourd'hui à détaler comme des rats; si il est un peuple qui a témoigné d'une formidable réserve de patience, avant de nous offrir une étincelante et magnifique démonstration de courage, ce sont bien nos copains du pays du Jasmin.

Pour avoir été de nombreuses fois en Tunisie, le plus souvent malheureusement sans s'écarter des travées d'une laideur sans pareille de cette singulière horreur que constitue le tourisme charterisé, on se sent évidemment plus réceptifs encore à ce bel élan populaire.

On leur souhaite, aux Tunisiens, de transformer cet essai si chèrement acquis, au prix d'une centaine de morts, et d'exactions policières d'un autre âge. 

Et à l'instar de Fritz Lang, qui sur un scénario de Brecht consacra un film éblouissant au courage du peuple de Prague sous la terreur nazie, on se réjouit, en disant que: "les bourreaux meurent aussi".