mardi 4 mai 2010

Oui, nous nous reverrons mes frères...


Aux archives nationales, la classification est parfois douteuse, voire scélérate. On pense trouver le miel pour nos recherches dans un carton réservé de longue date. Et contrairement à ce qui nous semblait indiqué dans le répertoire, on fait chou blanc. Rien sur nos anars d'après la première guerre mondiale, qui forment l'épine dorsale de notre sujet d'étude. Mais à la place de la retranscription par les condés d'une conférence du grand Sébastien Faure, on trouve des exemplaires du Bonnet Rouge. C'est dire si c'est décalé au vu des éléments qui doivent à terme figurer dans notre hypothétique mémoire.
Et à la rubrique littéraire, on sourit jusqu'aux oreilles. Le journal dirigé par Gustave Hervé, au temps où il n'avait pas cédé aux lunes dégueulasses du nationalisme, comportait de bien belles brèves, finement ciselées. Au coin "Bouquins", on voit le sous-titre suivant: "Écrivains, vains écrits."

Avouez que le calembour est délicieux. Aujourd'hui, il ne se trouverait que des vieux messieurs, qui goûtent du regrettable Bouvard depuis plusieurs décennies pour s'en esclaffer.
Et oui, c'est bien vain d'écrire. On ne saurait dire exactement pourquoi. La clé de l'énigme réside ailleurs.
Donc, on réfléchit quelques instants. Et l'on se dit que tout de même, pontifier comme nous le faisons, c'est déraisonnable. Vain, surtout. On a beau feuilleter des pages rudement bien composées, se délecter à la lecture d'ouvrages qui forment une vie et un semblant de conscience, on se dit que ce serait mieux de s'arrêter là. De marquer une pause, pour ainsi dire.

L'usure nous gagne rapidement. Crécher au Zemmouristan, on peut mieux espérer pour une jeunesse. Les délires répétés de gens de tous horizons sur les mahométans... Les jérémiades pas toujours très bien senties de nos camarades de gauche sur la rapacité des établissements financiers. Et si on s'arrêtait de gémir, les copains?

L'usure, mais pas encore le désarroi. L'indigence domine l'essentiel des débats qui nous tracassent. On le sait, puisqu'on est très loin d'en être exempts.
Donc, on va marquer une pause, parce que l'inspiration nous fait défaut, et que de toute façon, elle ne nous a jamais réellement transcendé. On a des projets, des objectifs à accomplir, pour parler comme dans la singulière terminologie du Monde de l'Entreprise, où il est certain, tant par fierté que par conscience frondeuse, nous ne foutrons jamais nos panards déjà usés.

Il y a de quoi se ravir, tout de même. Les pépées, les livres, le cinoche, les liqueurs de tous acabits. L'afro-américanisme musical, le twist zapatiste... La perspective d'être engagés dans la prochaine bataille, qui verra crever ce Vieux Monde qui n'en finit plus d'agoniser.

L'inanité de notre prose reviendra. C'est certain. N'en déplaise au morpion qui étale ses insanités ici. Qui est loin d'entamer notre aisance à somnoler peinard et heureux le soir. Bien loin, même. Il serait temps, mon morbac', que tu nous donnes ton blaze qu'on rigole un coup. Juste pour voir. Suis à peu près certain de te connaître. Même que tu dois avoir d'incroyables réserves de temps en plus de médiocrité pour souiller cet endroit.

Te fatigue plus, va.

1 commentaire:

  1. Les pépées, les livres, le cinoche, les liqueurs de tous acabits. L'afro-américanisme musical, le twist zapatiste...
    Toutes bonnes raisons, rien à dire. Entretiens quand même ta prose, elle mérite. Quant au morbac, mon dieu, "tout ce que vous lisez n'est que le résultat de l'excitation, par des électrons, d'atomes de terres rares déposés en couches minces sur un écran de verre. Pas de quoi s'exciter soi-même."
    Keep on dancing, Major.

    RépondreSupprimer